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Ça y est, j'y étais! J'avais enfin investi ce lieu!

 

Ce rêve que je caressais depuis tant d'années enfin se réalisait. La modeste bâtisse du village de Touraine que j'aimais tant était prête, prête pour moi et mon œuvre. J'allais enfin pouvoir exprimer sans contrainte ces émotions qui m'étouffaient. J'aurais désormais du temps et un lieu pour le faire.

 

J'avais posté hier mon courrier pour l'Inspection Académique ... en recommandé surtout: il est des écrits trop précieux! « Monsieur l'Inspecteur, Je vous prie de bien vouloir prendre note de ma décision de quitter l'Education Nationale, etc., etc. » Il n'a eu droit ni à mes respectueuses salutations, ni à mon profond respect!... Un simple « Cordialement » et ma signature: « Carmen Albertini, artiste peintre ».

 

Finies les contraintes, les circulaires ministérielles incohérentes, les décisions arbitraires, le mépris du ministre, ... LIBRE!...

 

Pour le lieu, la décision fût rapide. La vieille cousine de Papa m'avait désignée héritière de ses biens. Pourquoi moi? Je ne sais. Elle quittait ce monde sans enfants. De mes nombreux frères et sœurs, c'est à moi qu'elle avait décidé de tout laisser. Peut-être en remerciement pour ce coup de fil que je continuais à lui passer annuellement chaque 1erjanvier. Elle ne me laissait pas une immense fortune: juste de quoi acheter cette maison et changer de vie. J'avais immédiatement eu le coup de cœur pour cette maison de village. La vaste cuisine suffirait largement pour vivre. C'est l'ancienne salle à manger qui servirait d'atelier. Les murs en étaient fraîchement repeints de blanc. Le contraste avec les tomettes du sol décrassées et cirées était du plus bel effet. J'avais fait agrandir les fenêtres: il faut de la lumière dans un atelier de peintre. Sans quoi, comment travailler la couleur, les nuances? Je les avaient habillées non pas de rideaux comme le voulait la tradition locale, mais de stores: stores « aspect bambou ». Un peu cher chez Casto mais ça rend bien!

 

Chez Loisirs et Créations, j'avais dépensé presque un mois de mon ancien salaire: chevalet de sol, chevalet de table, carnet de croquis pour saisir les paysages en balade, crayons HB, 2B, 4B, pastels (la grande boîte), fusains, une superbe valise en bois contenant une vingtaine de tubes d'acryliques, des pinceaux (les meilleurs, en poil de martre), un grand carton vert projeté de noir, plusieurs formats de papier, quelques toiles, ...

 

Et maintenant, tout était là. Chaque objet à sa place. Je n'avais pas oublié non plus la bibliothèque. Sur la grande étagère à gauche de la porte trônaient les ouvrages achetés sur amazon mais aussi sur E-bay où j'avais obtenu à bon prix un lot d'anciennes éditions de livres neufs: « La peinture moderne », « Les impressionnistes », « Les oeuvres du musée du Louvre », « L'art pictural sous l'Antiquité », « Dufy », « Picasso », « Van Gogh », Berthe Morisot » et bien sûr tous les autres « grands » dans la collection « L'art pour tous ».

 

La grande feuille format ½ raisin 220g/m2 posée devant moi par quoi allais-je commencer? qu'allais-je choisir? Crayon? Fusain? Sanguine?

 

Le fusain, au fait, ça se taille? Les crayons, pourquoi était-il écrit dans le manuel de se procurer toutes ces sortes? Bon je choisissais alors la sanguine, il n'y en a qu'une et puis, la couleur est jolie. Et maintenant, qu'est-ce que j'allais « croquer »?

 

J'aurais peut-être dû prendre quelques cours ...

 

Tess

 13 mars 2009